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Bécassine pousse un cri de cœur…
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Une étoile s’est voilée dans les yeux de Bécassine, au moment du marché de Noël de la paroisse. Pendant le montage, le démontage et durant les deux semaines du marché, l’équipe d’animation s’est sentie parfois bien seule. Mais je ne voudrais pas être ingrate, des aides sont venus quand même nous épauler, assurant des permanences comme promis, donnant de leurs temps, si précieux, avant Noël. D’autres petites mains nous ont apporté leur art ; leurs dons ont enrichi notre étal, et pour cela je ne peux que les remercier. Cependant, après deux semaines de permanence, Bécassine s’est sentie épuisée, isolée et une étoile s’est voilée dans son cœur. Cela fait seize ans que le marché de Noël existe dans la paroisse, seize ans que je vous sollicite, seize ans que nous essayons de rayonner dans la ville et cela a réussi. Non seulement vous êtes venus nous soutenir mais des personnes extérieures à notre église, étrangères à notre religion ont poussé la porte du temple pour la première fois, pour un moment de partage et d’amitié. Parfois elles y ont même trouvé leur place. Et puis, il y a les fidèles de notre marché, qui à l’approche des fêtes, me passent leurs commandes. Il y a des protestants que nous ne voyons jamais au culte mais qui ne rateraient à aucun prix ce moment unique. Pour ceux qui ont eu la possibilité de vivre ces temps de permanence, je pense qu’ils ont ressenti ce plaisir partagé.
Mais l’équipe d’animation est fatiguée et ne pourra continuer, dans ces conditions, d’autres marchés de Noël. Il y a un début pour toute chose et une fin aussi. Peut-être est-ce le moment de passer à autre chose ? Le marché de Noël, mais aussi les brocantes, avaient été proposés pour combler notre déficit financier. Les sommes récoltées ne suffisent plus. L’aide pour chaque évènement a été plus que timide, sinon inexistante. Alors, dans ces conditions, comment ne pas se décourager ? En ce qui concerne les brocantes, bien que rentables, elles auront vécu le temps d’un été. Le marché de Noël voit sans doute lui aussi sa fin. Alors, comment bouclerons-nous le budget de la paroisse ? Je ne voudrais pas être la trésorière ! Peut-être devrions-nous songer à lui offrir une perruque, à moins qu’elle ne décide de jeter l’éponge.
La Bécassine que je suis, n’a rien d’un prophète et ne cherche pas à imiter Jérémie, mais si nous n’arrivons plus à équilibrer nos comptes, un jour, probablement, nous n’aurons, définitivement, plus de pasteur. Mais cela n’est pas bien grave, me direz-vous, puisque chaque protestant est un Pape avec une Bible sous son bras. D’ailleurs, sur internet ne trouve-t-on pas toutes les réponses à nos questions ? Le pire et le meilleur comme chacun sait.
Notre temple est vétuste et demande de nombreuses réparations ou mises aux normes. Si nous n’avons plus les moyens, un jour, sans doute, il faudra le vendre. Bah ! me direz-vous, quelle importance, puisque : « lorsque nous sommes, deux ou trois, réunis au nom du Seigneur, nous sommes en Eglise. » Ne nous suffit-il pas de nous enfermer dans notre « chambre haute » pour prier ? Si, par exemple, le temple devenait un bar, il nous resterait à venir boire un coup en portant un toast à… Dieu, pourquoi pas ! Mais lorsque ce jour arrivera, nous serons véritablement devenus « l’Eglise invisible ». Et si du temps de Luther, de Calvin, et de Marie Durand cela était synonyme de « Résister » à notre époque cela équivaudrait à disparaitre, et ce serait fini pour notre Église de rayonner et de se faire connaître dans la ville.
Un jour, une personne me disait : « L’argent n’est pas un problème, on en trouve toujours. » ! Etes- vous prêts à ouvrir plus grand votre porte-monnaie pour remplacer la manne extérieure ? Etes-vous prêts à œuvrer ou prendre la place active laissée vacante ?
Comme vous le voyez l’étoile vacille dans l’âme de Bécassine ; et pourtant, pour être positive, je retiendrai la conclusion de la prédication de nos jeunes lors du culte de l’entraide : « Nous ne sommes rien les uns sans les autres. » Merci à notre jeunesse d’avoir fait étinceler, par ces quelques mots, l’étoile de Bécassine. J’espère qu’elle pourra encore dire longtemps : « Je suis dans la joie quand on me dit : allons dans la maison de l’Eternel. » Psaume.122.
Qui a remarqué que les mages de notre crèche, ne sont pas venus déposer leurs présents, cette année? Il est vrai que la crèche n’est pas en « odeur de sainteté » dans notre Eglise. L’étoile de Noël n’est-elle pas venue jusqu’à nous ? Toujours est-il que les mages n’ont pas déposé leurs offrandes devant l’enfant nouveau-né. Bécassine n’a pas déchargé son fardeau à l’annonce de l’Emmanuel.
Voilà pourquoi l’étoile de Bécassine s’est voilée dans ses yeux et qu’elle a ressenti le vent glacial qui soufflait cette nuit du 24 décembre à Bethléem. Aujourd’hui, par ce billet de « mauvaise humeur » elle décharge son fardeau à vos pieds et vous laisse le soin de faire briller, à nouveau, les yeux de Bécassine.