La Parabole du semeur (2ème partie)

LA PARABOLE DU SEMEUR (suite) Texte complet ci-dessous
Notre pasteur Jacques Hostetter vous propose de poursuivre notre réflexion à propos des paraboles dans les Écritures Judéo-chrétiennes. Contrairement à nombre d’entre elles, la parabole du semeur, que nous avons déjà citée ce matin, est un des rares exemples de parabole expliquée. Il vaut la peine de s’y arrêter. Dans ce récit imagé, raconté par Jésus, Dieu propose et l’homme dispose, pour le pire… ou le meilleur.

Selon l’exégèse réalisée par l’évêque Thierry Brac de la Perrière, ce texte comporte plusieurs temps :

  • D’abord, Jésus formule la parabole en elle-même : un semeur lance des graines. Elles tombent dans toutes sortes d’endroits :
    • Au bord du chemin : les oiseaux les ont mangées.
    • Dans les endroits rocheux : il n’y avait pas beaucoup de terre. Les graines ont levé rapidement avant de se dessécher.
    • Dans des épines : les épines ont étouffé les graines.
    • Dans de la bonne terre : les graines se sont multipliées par 100, 60 ou 30.
  • Ensuite, en réponse à leur questionnement, Jésus explique à ses disciples pourquoi il s’exprime en paraboles (voir message de ce matin) et rappelle à ses disciples la chance qu’ils ont de pouvoir entendre de sa bouche la Parole de Dieu puisque – grâce à lui – ils auront les clés de lecture nécessaires à leur compréhension.

À l’époque du Christ, les paysans semaient d’abord et labouraient ensuite. Quand on sème avec cette méthode, quel gaspillage ! Il y a la semence aussitôt mangée par les oiseaux, celle qui sèche à peine levée, celle qui a bien pris mais se retrouve vite enfouie par les ronces.

Et pourtant, malgré tous les échecs, une belle récolte s’ensuit : une semence qui donne 100 graines pour 1 semée, et même du 30 pour 1, c’était un rendement inouï pour les paysans de l’époque en Palestine.

À première vue, l’expérience des semailles semble un échec. Mais en réalité, la récolte l’emporte de loin sur cet apparent gaspillage. La parabole se polarise sur le sort des graines alors que l’explication qui vient ensuite s’intéresse principalement à la qualité des terrains.

Cette parabole a probablement été prononcée par Jésus à l’adresse de ses proches disciples lorsqu’il commençait à faire un premier bilan de son activité. Quel est-il ? En lisant les Évangiles, on se rend compte que la Parole du Christ a rencontré le cœur des hommes avec des succès divers :

  • Il y a des échecs patents : le Christ s’est affronté aux forces du Mal (les esprits mauvais, les scribes et les pharisiens).
  • Mais il y a aussi l’espoir de la réussite : elle vient de ses disciples qui se sont mis à croire.

Dans la version de l’Évangile de Marc, l’idéal de « la bonne terre », c’est d’entendre la Parole de Dieu, de l’accueillir et de « produire » au maximum.

Dans celui de Matthieu, il s’agit d’entendre, de comprendre la Parole, de s’ouvrir et de se soumettre à ce qu’elle demande de faire et de porter du fruit, chacun à la mesure de ses capacités. On peut d’ailleurs facilement établir le lien avec la parabole des talents.

Attention toutefois à un contresens que l’on commet fréquemment. Une lecture rapide pourrait laisser penser aux chrétiens qu’il y a ceux qui reçoivent la Parole (c’est-à-dire eux) et ceux qui s’en détournent (c’est-à-dire les autres). Cette vision est réductrice… elle manque surtout d’un peu d’ouverture d’esprit.

En effet, pour ceux qui ont la chance de recevoir la Parole, il y a des jours où ils ne la méditent pas, où elle les gêne ou encore où elle arrive après toutes les urgences quotidiennes. Mais à d’autres moments, car ils ont pris le temps de l’accueillir, cette Parole fructifie et transmet la vie. Jésus-Christ formule la parabole puis en donne le sens pour ceux et celles qui sont à même de comprendre son message de grâce et d’amour. Il fournit en quelque sorte le mode opératoire qu’il privilégie pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour les hommes.

L’homme est une terre. Voilà ce que nous dit Jésus. L’homme est un terrain, et ce terrain doit être ensemencé par la Parole de Dieu. On a l’habitude de penser que l’homme est celui qui cultive la terre. Non. L’homme est aussi une terre à cultiver. On a l’habitude de penser que l’homme féconde la femme. Non. L’homme, comme la femme, est fécondé par Dieu, par la parole de Dieu, par le Verbe de Dieu (confer : prologue de l’Évangile de Jean), qui est porteur de vie.

Nous sommes un terrain où Christ sème la bonne nouvelle de la vie en Dieu, de l’amour de Dieu. Mais il peut arriver que cette parole soit passée à côté de nous, qu’elle n’ait même pas été entendue par nos oreilles et encore moins reçue dans notre cœur. Ou que cette parole ait été vite écoutée et vite oubliée. Ou qu’elle ait été étouffée par les ronces ou par les mauvaises herbes qui poussent si vite et qui sont si difficiles à arracher. Mais il peut arriver qu’une parole, une seule parole, ait été vraiment entendue. Alors elle fructifie, elle fait son chemin dans notre cœur, elle peut donner une orientation décisive à notre vie. Une seule graine, une seule parole entendue, accueillie, conservée, peut porter à son tour une multitude de semences.

Texte du jour : Matthieu 13, 1 à 23

« Ce même jour, Jésus sortit de la maison, et s’assit au bord de la mer. Une grande foule s’étant assemblée auprès de lui, il monta dans une barque, et il s’assit. Toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur parla en paraboles sur beaucoup de choses, et il dit : Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent et la mangèrent. Une autre partie tomba dans les endroits pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre : elle leva aussitôt, parce qu’elle ne trouva pas un sol profond ; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent, et l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre : elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Les disciples s’approchèrent, et lui dirent : Pourquoi leur parles-tu en paraboles ?
Jésus leur répondit : Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné. Car on donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent. Pour eux s’accomplit la prophétie d’Ésaïe : Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, qu’ils ne comprennent de leur cœur, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse.

Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent ! Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur. Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute.

Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente. »

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