Le coup de patte du Pasteur

Quand le risque existe d’avoir honte d’être chrétien…

pasteurDepuis quelques jours des autorités religieuses réclament, à corps et à cris, la possibilité de se rassembler pour célébrer leurs cultes dès maintenant ; cela sans tenir suffisamment compte des dangers inhérents à ce type de réunions. En tant que chrétien, je me dis qu’il ne faudrait pas, qu’une seconde fois, nous soyons à l’origine d’un nouveau foyer de contamination par la CoViD-19, de plusieurs dizaines (ou centaines) de personnes, comme ce fut le cas désastreux à Mulhouse, suite à un colloque organisé par une Église Évangélique ; en début de pandémie, quand on ne savait pas encore très bien quelles pouvaient être les conséquences de ce fléau.

Ce qui m’exaspère aujourd’hui, c’est la mauvaise foi d’un certain nombre de ces dirigeants religieux qui, au lieu de ne regarder que le problème de santé publique, en profitent pour considérer qu’il s’agit là d’une atteinte à l’exercice de la liberté des cultes garantie par la Constitution. Pauvres religions quand elles sont à ce point nombrilistes et aveugles ! Tout doit être fait, et j’espère que les croyants seront exemplaires en cette matière, pour que la CoViD-19 fasse le moins de victimes possible — et je ne parle pas que des deuils, mais aussi de toutes les souffrances qui ont été engendrées parallèlement à cette pandémie.

Personnellement je suis persuadé que le Christ que je sers, s’il avait vécu à l’heure actuelle, aurait tout fait pour préserver les hommes et les femmes de cette calamité qu’est cette maladie ; et que les messes et cultes n’auraient pas été, loin s’en faut, sa préoccupation première. Je suis convaincu qu’il se serait inscrit dans la lignée prophétique et qu’il aurait pu, à la suite des prophètes Ésaïe et Amos, clamer :

Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis ? Cessez d’apporter de vaines offrandes : J’ai en horreur l’encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées. Je ne puis voir le crime s’associer aux solennités. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes. Elles me sont à charge et je suis las de les supporter.
Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux. Quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas car vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions. Cessez de faire le mal et apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve. »
(Ésaïe 1, 11 à 17)

« Éloigne de moi le bruit de tes cantiques. Je n’écoute pas le son de tes luths. Mais que la droiture soit comme un courant d’eau et la justice comme un torrent qui jamais ne tarit. M’avez-vous fait des sacrifices et des offrandes pendant les 40 années du désert, maison d’Israël ? » (Amos 5, 21 à 23)

Le culte, c’est bien mais il y a des priorités et les Écritures judéo-chrétiennes sont là pour nous les rappeler. Ces autorités qui tentent de manipuler les consciences, pour politiser un sujet qui ne devrait pas l’être, lisent-ils ces Écritures qui sont censées fonder leur foi ? Parfois, je m’interroge…

Jacques Hostetter, Pasteur de l’EPUVO

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