Les messages journaliers

Pendant la période de confinement toutes les réunions et rencontres, y compris cultuelles, sont annulées.

Cependant, nous garderons un contact régulier avec la communauté via internet. Un message journalier sera envoyé à toutes les personnes de la communauté qui le souhaitent.
Notre pasteur Jacques Hostetter vous propose de recevoir tous les jours le message qui, à l’accoutumée, n’est envoyé qu’aux membres et sympathisants qui ont adhéré à l’action « Un € en + plus pour l’Évangile chaque jour ». Ce sera une façon de rester en communion spirituelle et fraternelle.

Si votre courriel ne figure pas sur la liste de diffusion vous pouvez demander au pasteur de vous rajouter en lui envoyant un message. (Cliquez sur le lien).
Ci-dessous vous trouverez le message journalier d’hier, jeudi 26 mars: il s’agit du beau texte d’une religieuse française directrice d’un foyer de jeunes filles à Milan. Il nous a été communiqué par le prêtre Guy Boudaud, que nous remercions.

La Speranza – L’espérance

L’espérance en Italie ces jours-ci, c’est le ciel d’un bleu dépollué et provocant, c’est le soleil qui brille obstinément sur les rues désertes et qui s’introduit en riant dans ces maisonnées qui apprennent à redevenir familles.

L’espérance, ce sont ces post-it anonymes par centaines qui ont commencé à couvrir les devantures fermées des magasins, pour encourager tous ces petits commerçants au futur sombre, à Bergame d’abord, puis, comme une onde d’espérance – virale elle aussi – en Lombardie, avant de gagner toute l’Italie : « Tutto andrà bene »

L’espérance, c’est la vie qui est plus forte et le printemps qui oublie de porter le deuil et la peur, et avance inexorablement, faisant reverdir les arbres et chanter les oiseaux.

L’espérance, ce sont tous ces professeurs exemplaires qui doivent en quelques jours s’improviser créateurs et réinventer l’école, et se plient en huit pour affronter avec courage leurs cours à préparer, les leçons en ligne et les corrections à distance, tout en préparant le déjeuner, avec deux ou trois enfants dans les pattes.

L’espérance, ce sont tous ces jeunes, qui après les premiers jours d’inconscience et d’insouciance, d’euphorie pour des « vacances » inespérées, retrouvent le sens de la responsabilité, et dont on découvre qu’ils savent être graves et civiques quand il le faut, sans jamais perdre créativité et sens de l’humour : et voilà que chaque soir à 18h, il y aura un flashmob pour tous… un flashmob particulier. Chacun chez soi, depuis sa fenêtre… et la ville entendra résonner l’hymne italien, depuis tous les foyers, puis les autres soirs une chanson populaire, chantée à l’unisson. Parce que les moments graves unissent.

L’espérance, ce sont tous ces parents qui redoublent d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouveaux jeux à faire en famille, et ces initiatives de réserver des moments « mobile-free » pour tous, pour que les écrans ne volent pas aux foyers tout ce Kairos qui leur est offert.

L’espérance – après un premier temps d’explosion des instincts les plus primaires de survie (courses frénétiques au supermarché, ruée sur les masques et désinfectants, exode dans la nuit vers le sud…) – ce sont aussi les étudiants qui, au milieu de tout ça, ont gardé calme, responsabilité et civisme… qui ont eu le courage de rester à Milan, loin de leurs familles, pour protéger leurs régions plus vulnérables, la Calabre, la Sicile… mais surtout qui résistent encore à cet autre instinct primaire de condamner et de montrer du doigt pleins de rage ou d’envie, ceux qui n’ont pas eu la force de se voir un mois isolés, loin de leur famille, et qui ont fui.

L’espérance, c’est ce policier qui, lors des contrôles des « autocertificats » et tombant sur celui d’une infirmière qui enchaîne les tours et retourne au front, s’incline devant elle, ému : « Massimo rispetto »

Et l’espérance, bien sûr, elle est toute concentrée dans cette « camicia verde » des médecins et le dévouement de tout le personnel sanitaire, qui s’épuisent dans les hôpitaux débordés, et continuent le combat. Et tous de les considérer ces jours-ci comme les véritables « anges de la Patrie ».

Mais l’espérance, c’est aussi une vie qui commence au milieu de la tourmente, ma petite sœur qui, en plein naufrage de la Bourse, met au monde un petit Noé à deux pays d’ici, tandis que tout le monde se replie dans son Arche, pour la « survie », non pas des espèces cette fois-ci, mais des plus vulnérables.

Et l’espérance, par-dessus tout : ce sont ces pays riches et productifs, d’une Europe que l’on croyait si facilement disposée à se débarrasser de ses vieux, que l’on pensait cynique face à l’euthanasie des plus « précaires de la santé »… les voilà ces pays qui tout d’un coup défendent la vie, les plus fragiles, les moins productifs, les « encombrants » et lourds pour le système-roi, avec le fameux problème des retraites…

Et voilà notre économie à genoux. Oui, mais à genoux au chevet des plus vieux et des plus vulnérables. Tout un pays qui s’arrête, pour eux…

Et en ce Carême particulier, un plan de route nouveau : traverser le désert, prier et redécouvrir la faim eucharistique. Vivre ce que vivent des milliers de chrétiens de par le monde. Retrouver l’émerveillement. Sortir de nos routines… Et dans ce brouillard total, naviguer à vue, réapprendre la confiance, la vraie. S’abandonner à la Providence et apprendre à s’arrêter aussi. Car il fallait un minuscule virus, invisible, dérisoire, et qui nous rit au nez, pour freiner notre course folle.

Et au bout, l’espérance de Pâques, la victoire de la vie à la fin de ce long carême, qui sera aussi explosion d’étreintes retrouvées, de gestes d’affection et d’une communion longtemps espérée, après un long jeûne. Et l’on pourra dire avec saint François « Loué sois-Tu, ô Seigneur, qui nous a réappris l’humilité, la valeur de la vie et la communion ! »

« Courage, n’ayez pas peur, dit Jésus : Moi, j’ai vaincu le monde ! » (Jean 16, 33)

Texte du jour – Jean 16, 23 à 33

« En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. Je vous ai dit ces choses en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement du Père. En ce jour, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; maintenant je quitte le monde et je vais au Père.

Ses disciples lui dirent : Voici, maintenant tu parles ouvertement et tu n’emploies aucune parabole. Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que personne ne t’interroge ; c’est pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu.

Jésus leur répondit : Vous croyez maintenant. Voici, l’heure vient et elle est déjà venue, où vous serez dispersés chacun de son côté, et où vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. »

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